Mon métier… mon diabète !, découvrez une série de portraits suivant le quotidien professionnel de personnes diabétiques issues de tous les domaines d’activité.
Partage d’expériences, trucs et astuces pour faire face aux petits aléas du quotidien et faciliter le suivi et la gestion du diabète au travail.
Mon métier... mon diabète !
Patrick, 61 ans, a eu plusieurs vies… De directeur commercial à créateur de gourmandises, il a cheminé sur les routes de France, avec son diabète pour compagnon, depuis 1996. Sa dernière aventure professionnelle, c’est avec Anne, son épouse, qu’il l’a imaginée, créée et vécue ! Un projet né de l’amour, pour ce couple qui a décidé de croquer dans la vie à pleine dent… comme dans un gâteau !
“Je suis diabétique de type 1 et traité par un système de mesure en continu du glucose interstitiel couplé à une pompe à insuline externe. Ces nouvelles technologies ont eu un impact très positif sur mon quotidien notamment en réduisant la charge mentale ! Les nuits sont sécurisées avec les fonctions qui permettent d’arrêter la pompe en cas d’hypoglycémie. Le jour, le système me permet de pouvoir réagir rapidement et surtout d’être proactif face à une hypo ou une hyperglycémie. Et cela permet de pratiquer une activité physique dans les meilleures conditions. Le seul bémol, c’est le petit décalage entre les glycémies interstitielles et sanguines qui peut amener à sur-réagir… mais, même si ce n’est pas toujours top, ces équipements font maintenant partie de moi.
Itinéraires d’un diabétique itinérant…
J’ai eu plusieurs vies professionnelles. J’ai longtemps été Directeur commercial France pour différents industriels, ce qui fait que j’ai passé une partie de ma vie sur les routes, loin de chez moi. Avec pas moins de 80 000 km/an, je vivais dans les hôtels et je mangeais plus souvent au restaurant qu’avec ma famille. J’ai mis en place des règles de conduite pour me préserver. Le sport faisant partie intégrante de mon équilibre psychique et glycémique, je positionnais sur mon agenda mes séances d’entraînement de course à pied auxquelles je ne dérogeais qu’en cas de forces majeures. Je refusais toute réunion de dernière minute en disant que je n’étais pas libre, parce que c’est très compliqué de gérer les hypoglycémies pendant un rendez-vous important. Et puis, un jour à 58 ans, j’ai décidé de tout plaquer et de mettre un tablier…
Une reconversion en créateur de gourmandises
Je suis gourmand… et c’est ce qui a, en partie, été à l’origine de ma deuxième vie. Mais la vraie raison a été le licenciement très brutal de ma femme, Anne, qui est moitié diabétique comme elle dit, puisque son autre moitié, c’est moi ! Après le choc, elle voulait changer de métier. Elle m’a demandé : « Il te manque quoi dans la vie pour bien vivre ? » j’ai répondu : Des glaces ! un cri du cœur, comme on dit. « Alors, je vais devenir glacier sans sucre pour les diabétiques ! », c’est de là qu’est partie notre nouvelle aventure.
L’idée a évolué jusqu’à ce qu’elle décide d’ouvrir un salon de thé pour offrir une petite restauration et ainsi s’assurer une meilleure rentabilité. L’objectif était de pouvoir accueillir des diabétiques et d'être capable de leur communiquer systématiquement le nombre de glucides qu'ils allaient ingérer, en l’indiquant sur le menu. C’est-à-dire : répondre au cauchemar des diabétiques lorsqu’ils mangent à l’extérieur de chez eux ! Elle avait le concept, il fallait un nom : ce fût : HbA1C – pour "History Began After 1 Calorie" (*l’Histoire commença après 1 calorie). Les 6 premiers mois, Anne a travaillé seule. Cette période a été celle où nous avons ajusté les recettes de salades et où on a trouvé les fournisseurs qui étaient capables de répondre à notre cahier des charges. Ce n’était pas simple du tout… car aucun boulanger ou pâtissier ne voulait faire des gâteaux sans saccharose afin de proposer des parts moins glucidiques. C’est à ce moment-là que j’ai rejoint l’aventure… j’avais des différents avec mon employeur et envie de m’investir dans ce projet.
J’ai donc décidé de passer mon CAP de pâtisserie pour gagner notre autonomie sur cette partie. Un défi, qui n’a pas été facile mais, avec le recul, on peut dire qu’on l’a relevé haut la main ! Notre petit spot gourmand a fait son chemin, nous avons eu des échos positifs dans la presse. Et à partir de là, des personnes, qu’elles soient diabétiques ou non, sont venues de partout, pour discuter devant un cheesecake ou pour acheter des biscuits à offrir à un proche… C’était un lieu d’échange et de rencontre tout autant qu’un salon de thé. Nous avons même accueilli des groupes de paroles pour parler Diabète mais pas que... L’aventure HbA1C a duré 4 ans, maintenant, je suis à la retraite. Cette période fût très riche en rencontres et en émotions et c’est peut être ce qui va le plus nous manquer...
Être diabétique, c’est être philosophe !
La vie est faite d’imprévus, la mienne tout au moins, et tout l’art de la gestion de cette maladie consiste à gérer au quotidien ces mini-imprévus, sans stresser. Le diabète est une pathologie de l’échec, on est toujours à la recherche du mieux : être dans la cible ! Psychologiquement, c’est peut-être le plus dur à accepter. Se dire que quoi que l’on fasse, il y aura des fois où ça marchera et d’autres ou ça ne marchera pas. Il faut aussi accepter de ne pas avoir de réponse au pourquoi de ces situations… La gestion théorique, permet de régler la majorité des cas, mais il reste la gestion empirique qui est personnelle et surtout qui n’est pas toujours reproductible par d’autres. J’ai eu comme ligne directrice de toujours communiquer sur ma pathologie et de montrer qu’elle ne m’a jamais empêché de faire quoi que ce soit. C’est grâce au diabète, si j’ai gardé un physique encore longiligne, c’est lui qui m’a mis au sport. Mon travail et la vie de famille auraient tôt fait de me fournir toutes les excuses de temps introuvable... Et, c’est encore lui, qui m’a donné cette hygiène de vie que je n’aurais pas eu.
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