Depuis quelques années, les méthodes thérapeutiques de surveillance et de traitement du diabète ont beaucoup évolué. Autonomie, confort, équilibre glycémique, les innovations technologiques ne cessent d’améliorer le quotidien des personnes diabétiques.
Le professeur Alfred Penfornis, endocrino-diabétologue, nous propose un tour d’horizon des dernières avancées en matière de prise en charge du diabète.
Pompe à insuline et mesure de glucose en continu : de nouvelles normes de surveillances
Les systèmes de mesure du glucose en continu (MCG) sont composés d’un lecteur (ou récepteur) et d’un capteur qui doit être placé sur la peau et remplacé chaque semaine ou toutes les 2 semaines selon les modèles.Ils représentent une très grande avancée en matière d’équilibre du diabète. De nombreuses études ont montré que bien plus que la modalité du traitement (pompe à insuline ou multi injections), c’est le fait de l’associer à la mesure en continu du glucose qui permet d’améliorer l’équilibre du diabète et la moindre variabilité des glycémies.
Les patients passent plus de temps dans ce que l’on appelle la cible : c’est-à-dire une valeur de glycémie située entre 0,70 et 1,80 g/L. Même si l'hémoglobine glyquée (HbA1c) reste une valeur importante pour évaluer la glycémie moyenne, principal facteur des complications chroniques, c’est la variabilité glycémique qui impacte la qualité de vie. D’où l’importance de passer le plus de temps possible dans cette fenêtre idéale, car c’est le meilleur garant de la prévention des complications et d’une meilleure qualité de vie pour les patients. Cette cible est en passe de devenir la référence pour évaluer l’équilibre du diabète.
Certains capteurs proposent également la programmation d’alertes lorsque la glycémie atteint certains seuils, ou encore en cas de traitement par pompe à insuline, un système qui permet d’arrêter la diffusion d’insuline lorsque le patient est à risque de faire une hypoglycémie. Par ailleurs, d’autres modèles vont bientôt pouvoir être implantés en sous-cutané sur de longues durées (3 à 6 mois).
Le système en boucle fermée, la future référence
Appelés parfois pancréas artificiels, les systèmes en boucle fermée sont composés d’une pompe à insuline externe couplée à un capteur de glucose en continu. Après lecture de la glycémie, le système intelligent est capable d'adapter la quantité d’insuline à délivrer. Cela représente un soulagement énorme de la charge mentale liée au diabète en même temps qu’une augmentation de plusieurs heures du temps passé dans la cible et la quasi-disparition du temps passé en hypoglycémie. La variabilité glycémique en est largement améliorée. Ces systèmes innovants permettent une vie plus libre et un gain de temps vis-à-vis de la gestion quotidienne du diabète. Les systèmes en boucle fermée sont soumis au remboursement en France et seront normalement bientôt commercialisés.
Insuline intelligente et greffe d'îlots pancréatiques, des espoirs à venir
D’autres innovations technologiques pour améliorer la prise en charge du diabète sont encore à l’étude. Par exemple, l’insuline intelligente : il s’agit en fait d’une capsule contenant de l’insuline dont la taille des pores va dépendre de la glycémie. Plus la glycémie est élevée, plus les pores de la capsule vont s’élargir pour laisser diffuser l'insuline et ramener la glycémie à un taux plus bas. À l’inverse, lorsque la glycémie baisse, les pores se resserrent. Cette technologie prometteuse est pour l’instant encore à un stade expérimental.
Il existe également la greffe d'îlots pancréatiques. Cette thérapie cellulaire fait partie des techniques qui seront bientôt reconnues comme une pratique courante en France. C’est déjà le cas dans certains pays comme le Canada ou les États-Unis. La greffe d'îlots pancréatiques est cependant réservée à des situations de diabète extrêmement instable : on l’envisage pour des patients qui souffrent d’hypoglycémies sévères à répétition et pour qui cela représente un handicap majeur dans la vie quotidienne. Dans un grand nombre de ces situations, les systèmes en boucle fermée, bientôt commercialisés, permettront d’équilibrer ces diabètes très instables sans nécessiter de greffe. Les indications en seront donc heureusement plus restreintes, car il s’agit tout de même d’un geste médical lourd et qui nécessite un traitement immunosuppresseur à vie.